L’ouverture officielle du premier puits du projet Grand Tortue Ahmeyim (Gta) semble avoir donné un coup de boost à la coopération bilatérale entre le Sénégal et la Mauritanie. En visite d’amitié et de travail à Nouakchott, le Premier ministre Ousmane Sonko, à la tête d’une forte délégation ministérielle, a dégagé, avec son homologue mauritanien, Moctar Ould Diay, les bases de cette nouvelle dynamique. De l’énergie aux infrastructures, de la pêche à l’élevage…les opportunités sont nombreuses.
Le projet gazier de Gta, le Pont de Rosso, l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs)…le Sénégal et la Mauritanie ont plusieurs traits d’union. Dans une matinée relativement calme, Nouakchott a déroulé le tapis rouge à la délégation sénégalaise conduite par le Premier ministre Ousmane Sonko accompagné de Yassine Fall, ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, de Jean Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, de Birame Soulèye Diop, ministre chargé de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, de Yankhoba Diémé, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, et de Fatou Diouf, ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires. De la résidence du Premier ministre mauritanien à la Primature, les populations n’ont pas hésité à sortir pour faire un signe de la main en guise de salut à la délégation sénégalaise. À la Primature, les deux chefs de gouvernement ont jeté les bases de la nouvelle dynamique qu’ils souhaitent impulser à la coopération entre les deux pays. Pour Ousmane Sonko, le fait que le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, ait effectué trois visites en Mauritanie, en moins de dix mois, est une preuve concrète de l’intérêt accordé à la coopération entre les deux pays. Ce qui lie les deux pays, dit-il, c’est plus qu’une frontière ou des ressources naturelles. Ce sont des relations de bon voisinage, d’estime réciproque et de solidarité agissante, dit-il. Il en veut pour preuve la tenue, en novembre 2024, de la treizième session des commission mixtes pour la première fois depuis neuf ans. « Le Gta est un exemple de réussite de partenariat sud-sud » Une rencontre qui a permis de signer huit accords dans divers domaines. Il estime d’ailleurs que ce type de forum devrait être encouragé. Car, dit-il, les échanges vont davantage être orientés vers des questions économiques et de développement du fait des opportunités naissantes notamment dans le domaine des hydrocarbures. Prenant l’exemple du projet Gta, le Premier ministre estime qu’il constitue un exemple de réussite de partenariat sud-sud. « Nos deux pays doivent parler d’une seule voix face à nos partenaires pour l’exploitation de ce gaz », a-t-il insisté. Pour Sonko, les deux chefs d’Etat ont ouvert la voix pour réaliser les aspirations des peuples. Pour pérenniser ces perspectives prometteuses, il estime nécessaire « d’établir les conditions d’une discussion permanente pour les questions bilatérales. Le partenariat entre les deux pays sera érigé en modèle. Il faut renforcer la coopération pour faire face à la menace sécuritaire ». Pour son homologue mauritanien, Moctar Ould Diay, la Mauritanie et le Sénégal partagent le même espace géographique sahélo-sahérien. En plus de l’Omvs, cité comme modèle de gestion des bassins hydrographiques et le pont de Rosso, le Projet Gta est venu donner un nouvel élan à cette coopération. « Chaque pays est le prolongement de l’autre, dans une complémentarité qui enrichit et fortifie nos deux nations. La pêche, l’élevage, l’hydraulique, l’investissement…sont des domaines que nous allons encore explorer pour mieux renforcer la coopération entre les deux pays », a-t-il déclaré.
PONT DE ROSSO
Les travaux exécutés à 30%
Projet commun entre le Sénégal et la Mauritanie, le Pont de Rosso est exécuté à hauteur de 30%. C’est ce qu’a déclaré le premier ministre Ousmane Sonko. Il a indiqué que l’objectif est de finir les travaux d’ici le 31 juillet 2026. Pour y arriver, il annonce la mise en place d’un comité technique pour un meilleur suivi des travaux. Pour rappel, les deux ministres en charge du transport s’étaient rendus sur le site pour « constater le niveau d’avancement du chantier peu satisfaisant ». Ordre avait été alors donné à l’Unité de gestion du projet de prendre « les mesures appropriées pour amener l’entreprise Poly Changda à se mobiliser conformément aux dispositions contractuelles pour finaliser les travaux».
Le Sénégal s’ouvre au patronat mauritanien
Malgré l’énorme potentiel, le volume des échanges entre le Sénégal et la Mauritanie n’est « que de 67 milliards de FCfa ». Une incongruité qu’il urge de corriger. Selon le Direceur général de l’Apix, c’est tout le sens du forum qui se tient ce matin entre les investisseurs mauritaniens et Sénégalais. Il s’agit, selon Bakary Sega Bathily, d’une rencontre organisée par l’Apix et l’Apim, son pendant mauritanien. La rencontre, ajoute-t-il, sera présidée par les deux Premiers ministres qui répondront directement aux interpellations des acteurs du secteur. Ce sera également l’occasion pour l’Apix, de vendre les opportunités d’affaires offertes par la Stratégie nationale de développement «Sénégal 2050».
L’opérateur économique Mohamed Hmayenne Bouamatou élevé au Grade de Commandeur
En marge de la visite d’amitié et de travail, le premier ministre Ousmane Sonko a élevé Mohamed Hmayenne Bouamatou, Opérateur économique mauritanien, au grade de Commandeur dans l’Ordre national du Lion. Recevant cette distinction, l’homme d’affaires a dit toute sa gratitude envers le Président de la République du Sénégal. Il s’est également engagé à mettre son expérience et son carnet d’adresses au service de la coopération entre les deux pays. Le rôle d’un opérateur économique, a-t-il rappelé, c’est aussi de contribuer aux côtés des États, à la création d’emplois. À sa suite, Mohamed Zein El Abidine Cheikh Ahmed, président du patronat mauritanien, a été élevé au grade d’officier dans l’Ordre national du Lion. Touché par cette marque de considération, il s’est engagé à mobiliser davantage le secteur privé de son pays pour renforcer les investissements dans les deux sens.
